Comment appliquer les règles de l’origine préférentielle ?

Dans un environnement où les accords de libre-échange se multiplient et gagnent en complexité, l’origine préférentielle est la clé qui déverrouille les barrières tarifaires ! 

Maîtriser cette notion, c’est alléger les droits de douane, gagner des points de marge, optimiser la trésorerie et fluidifier les opérations de dédouanement à l’importation et à l’exportation.

À l’inverse, un code NC (nomenclature combinée) mal déterminé ou une preuve d’origine erronée ou manquante peut immobiliser un conteneur et mettre un coup d’arrêt à la chaîne logistique tout entière. 

Mon objectif ? Vous livrer un mode d’emploi précis, actionnable et sans langage nébuleux, pour transformer ces règles en avantage concurrentiel tangible.

Qu’est-ce que l’origine préférentielle ?

Dans un contexte inflationniste, l’origine préférentielle est LA notion qui permet d’appliquer les préférences tarifaires (droits de douane réduits, voire nuls) prévues par un accord commercial (accord de libre-échange, accord de partenariat économique, etc.).

Contrairement à l’origine non préférentielle – utile pour l’étiquetage des produits, l’application des droits anti-dumping ou les contingents – l’origine préférentielle agit directement comme un levier d’optimisation des droits et taxes dus. 

Chaque accord (Il en existe une quarantaine : UE – Royaume-Uni, UE-Corée, UE-Vietnam, UE-Nouvelle-Zélande, etc.) fixe ses propres règles d’ouvraison. Ainsi, la nomenclature douanière sert de boussole : 

  • transformation suffisante, 
  • changement de position tarifaire, 
  • ou pourcentage maximal de valeur non originaire

Voilà les principaux critères prévus par les textes pour accéder aux avantages de l’origine préférentielle. 

En un mot : Mal classer votre marchandise dans le tarif des douanes revient à prendre un risque, ce qui est à l’inverse de l’effet recherché par l’application des règles d’origine. 

Pourquoi l’origine préférentielle est-elle stratégique pour les entreprises ?

  • Avantages fiscaux et douaniers : suppression ou réduction immédiate des droits,
  • Accès facilité aux marchés : des prix plus compétitifs et des délais réduits séduisent acheteurs et distributeurs
  • Gain de points de marge : trois points de droits économisés peuvent faire basculer un appel d’offres international
  • Maîtrise du risque : déterminer l’origine de manière hasardeuse peut conduire à des rappels de droits majorés de pénalités (10 % à 30 %) et à une réputation écornée auprès des douanes… et de son client!

Comment déterminer l’origine préférentielle d’un produit ?

Connaître les règles d’origine applicables

  • Repérez d’abord un ALE peut s’appliquer : Access2Markets, système REX, etc.
  • Etablir ensuite, article par article, une grille de conformité (CTH, valeur ex-works, opérations spécifiques) et pourquoi pas, la connecter à votre ERP afin de tracer le processus au plus près des flux.

Prêt à franchir le pas ?

Discutons-en et faisons rimer conformité avec rentabilité.

Les critères d’obtention

  • Produits entièrement obtenus : agriculture, pêche, extraction minière, récupération ou recyclage
  • Transformation suffisante : démontrer une transformation substantielle lorsque des matières non originaires entrent dans la fabrication du bien.
  • Règles spécifiques : CTH/CTSH, valeur non originaire ≤ 40 % ou opération déterminée (laminage, extrusion, etc.)
  • Cumuls bilatéral, diagonal, pan-Euromed: une gymnastique intellectuelle exigeante, certes, mais nécessaire pour tirer parti des règles d’origine

Cas pratiques

  • Textile coton UE–Vietnam (HS 6203) : fil (HS 52) transformé en pantalon (HS 6203) → CTH rempli → origine préférentielle acquise
  • Chocolat tablette (HS 1806) : torréfaction et conchage dans l’UE à partir de fèves non torréfiées → Règle UE-Norvège : A condition que le poids du sucre mis en œuvre n’excède pas 40 % du poids du produit final : Transformation suffisante validée
  • Batterie Li-ion pour véhicules électriques (HS 8507) : modules coréens + BMS UE, assemblage en France. Règle UE-UK : Si, CTH + valeur non originaire ≤ 30 % (ou autre condition plus favorable) → origine préférentielle obtenue, déclaration sur facture possible (REX)
  • Mug en céramique décoré en Espagne (HS 6912) destiné au VN : impression graphique des mugs de fabrication Chine : pas de CTH → origine préférentielle refusée, droits de douane au taux plein exigibles 

Quelles sont les obligations documentaires ?

Certificats et déclarations

  • EUR.1
  • Déclaration d’origine : statut d’exportateur agréé ou exportateur enregistré (REX).

 

Conservation des preuves et contrôle douanier
L’administration des douanes peut contrôler les déclarations en douane jusqu’à trois ans après l’exportation. Conservez les éléments justifiant du classement tarifaire, les compositions, listes des matières premières, fiches techniques, attestations des fournisseurs, calculs de l’origine, etc.

Je mets en place dans les entreprises les processus permettant de restituer rapidement l’information en cas de contrôle.

Bonnes pratiques pour appliquer correctement les règles

  • Audit supply chain : identifiez les maillons à risque, sécurisez la traçabilité des matières et les certificats d’origine
  • Formation interne : une équipe ADV capable de repérer un EUR.1 erroné ou une mention d’origine manquante contribue à prévenir les litiges et contentieux et la satisfaction du client 
  • Procédures documentées : instructions de travail, mise à jour des autorisations, contrôles croisés finance-douane, archivage complet et centralisé
  • Outils digitaux : paramétrage de l’ERP, mises à jour d’ALE, KPI douaniers, ROI 
  • Statut OEA : sésame pour un dédouanement accéléré et des contrôles réduit, traitement prioritaire des demandes

En conclusion :

L’origine préférentielle n’est pas réservée aux seuls initiés : c’est un levier performant pour booster votre développement à l’export et renforcer votre position parmi les acteurs du commerce international.

En maîtrisant les règles, en fiabilisant vos documents et en vous entourant d’une expertise dédiée, vous transformez l’obligation réglementaire en avantage compétitif durable. 

FAQ

questions - réponses sur l'origine préférentielle

1. Quelle est la différence entre l’origine préférentielle et l’origine non préférentielle ?

L’origine douanière est une des données composant la carte d’identité de votre marchandise. Ce que l’on sait moins, c’est qu’en matière douanière cette notion a deux facettes :

  • Origine non préférentielle : il s’agit de l’origine règlementaire (par défaut) dont les critères sont fixés par le Code des douanes de l’Union. Un seul pays est retenu : celui où la transformation substantielle a réellement eu lieu ! Applications :  droits de douane, mesures antidumping, marquage « Made in », etc.
  • Origine préférentielle : Celle-ci est facultative mais très appréciés par vos clients ! Lorsqu’un accord de libre-échange lie l’UE avec pays partenaire et que la marchandise satisfait à la règle d’origine spécifique (transformation, ouvraison), une preuve de l’origine obtenue peut être établie. Conséquence : des droits réduits, souvent 0 % à l’arrivée !

Impact supply-chain : bien qualifier et prouver l’origine évite surcoût, blocages et contrôle a posteriori, tout en renforçant votre compétitivité.

Non. Seuls les accords contenant un chapitre “règles d’origine” assorti d’une liste d’ouvraisons / Transformations spécifiques ouvrent droit à un traitement préférentiel. Attention : Certains accords se limitent à la coopération douanière ou à la reconnaissance mutuelle sans avantage tarifaire. Par ailleurs, même en présence d’un accord de libre-échange, tous les produits ne sont pas forcément éligibles : l’UE tient encore à protéger des secteurs d’activité sensibles (agro-alimentaire, textile, etc.). Vous devez donc :

  • Vérifier que la marchandise figure dans l’annexe tarifaire de l’accord.
  • Vous assurer que la règle d’origine préférentielle est respectée (valeur ajoutée, changement de position, poids net, etc.).
  • Conserver la preuve d’origine.

 

En conclusion, bien gérée, l’origine douanière devient un levier de compétitivité ; mal anticipée, elle freine la supply-chain et annule l’avantage escompté.

Ici, la réponse est clairement “Non” ! 

La mention d’origine préférentielle sur facture est réservée :

  • Aux exportateurs enregistrés (REX) ou agréés, sans limite de valeur.
  • Aux exportateurs non agréés mais pour des envois ≤ 6 000 € (selon l’accord).
    Au-delà, un certificat EUR.1/EUR-MED est requis. De plus, certains accords n’acceptent la déclaration sur facture qu’après notification officielle. 

Ainsi, avant d’apposer la formule magique, vous devez :

  • Confirmer le statut de l’entreprise dans la base REX.
  • Vérifier la valeur des biens expédiés et le pays destinataire.
  • Archiver pendant 5 ans les preuves d’origine douanière.

En conclusion, une déclaration mal fondée expose à redressement –  bien utilisée, elle accélère le dédouanement et fluidifie votre supply-chain.

L’erreur peut vous coûter très cher ! Les douanes peuvent réclamer rétroactivement :

  • Les droits éludés + intérêts de retard (3 ans en arrière, 10 ans en cas de fraude).
  • Des amendes administratives (plusieurs milliers d’euros pour fausse déclaration en France) et, le cas échéant, des sanctions pénales en cas de faux documents.
  • La suspension ou la révocation du statut OEA / exportateur agréé et exportateur enregistré, entraînant contrôles renforcés et retards logistiques.


Conséquences sur votre supply-chain : blocage de lots, rupture de service, réputation écornée vis-à-vis des clients et autorités. 

Pour prévenir ce risque, quelles sont les solutions ? Auditer régulièrement les règles d’origine douanière, sécuriser les preuves fournisseurs, former les équipes ADV/Achats / Approvisionnement.

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